Voici le texte de mon intervention prononcée ce
matin au sujet du Canal Seine Nord Europe
Monsieur le Président,
Monsieur le Président du CESR,
Mesdames et Messieurs les Conseillers Régionaux,
Mesdames et Messieurs,
Le projet de Canal Seine Nord Europe est un projet d’infrastructure d’envergure
européenne et nationale et à ce titre, il représente une des alternatives nécessaires au transport routier pour les moyennes et longues distances.
Je pourrais reprendre ainsi la déclaration du premier vice président Daniel
Beurdeley, mais je pense qu’il sait ce qu’il a dire sans pour autant être en contradiction avec notre positionnement politique.
Tout a été dit sur ce projet, des vérités, des contre vérités, des lapalissades,
des inepties, vraiment tout et n’importe quoi.
Ce projet a fait l’objet d’une véritable concertation entre les populations
concernées, les élus des territoires et cela depuis le lancement du début de l’étude. Comme nombre d’entre vous, comme élu local, j’ai eu à me prononcer sur le choix du tracé définitif,
c'est-à-dire choisir entre Noyon – Nesle – Péronne et Noyon – Chauny – St Quentin, voir aussi d’autres propositions et nous étions au début du troisième millénaire, donc nous n’avons pas
découvert ce projet il y a simplement quelques mois, voir quelques années, bien avant 2004 nous étions déjà concernés ;
Aucune remarque n’a été faite par la population picarde, sinon à la marge, sur ce
projet, j’ajouterai même des élus des régions voisines se sont prononcés pour ce projet, et que nous avons pour notre part mis en place une concertation avec nos collègues communistes et
progressistes des régions voisines.
Le projet technique final est bouclé, il traversera, et c’est la déclaration
d’Utilité Publique qui l’inscrit, les plaines du Santerre Vermandois de part en part, un des secteurs agricoles les plus riches de France, tout comme l’Autoroute A1 en son temps, ou encore la
ligne TGV Paris Lille Londres. Ce sont encore des centaines d’hectares qui vont être enlevés au monde agricole, c’est un des premiers inconvénients.
Il est vrai que ce secteur est habitué aux aléas de l’histoire depuis la bataille
de Tertry qui opposât les Austrasiens aux Neustriens en 697 et qui marqua la création du royaume carolingien, les Anglais, les Bourguignons, les Espagnols, les Prussiens, et autres envahisseurs
guerriers sont passés par ce petit coin de Picardie, et maintenant nous avons les hordes de Scania, Renault, Volvo et autre Mercédès qui parcourent
notre territoire, nos routes et nos autoroutes.
Ce projet va aussi défigurer une partie de notre patrimoine naturel, et en
particulier en traversant la vallée de la Somme dans sa partie la plus riche avec ses étangs, ses méandres, ses parcours de pêche, ses sentiers de randonnées, c’est encore un
inconvénient.
Ce projet ne réduira qu’en faible partie les problèmes de pollution du au transport
routier des marchandises, et n’enlèvera que peu de trafic sur l’axe Nord Sud, c’est aussi une autre vérité.
Mais aujourd’hui, nous, élus régionaux qui réfléchissons au Schéma d’Aménagement
Durable du Territoire à l’échelle des 20 prochaines années, devons nous encore une fois rester chez nous à voir les choses se faire, devons nous être des « passifs » subissant les
vicissitudes du temps qui passe ou devons nous être des acteurs de notre avenir.
Voilà sur le plan technique, notre réflexion, et ce n’est pas la DUP qui règle les
problèmes.
Rien n’est réglé, tout commence et nous devons, ensemble construire cet ouvrage
pour les générations futures.
Nous partageons complètement l’analyse du Président de Région sur la gouvernance,
sur la non indexation de notre participation et sur les conditions de
contractualisation.
Et nous constatons une nouvelle fois un véritable désengagement de l’Etat qui
devrait être le principal financeur d’une telle infrastructure, mais au niveau des transferts, l’Etat UMP nous a habitués à nous transférer les financements de sa politique.
Nous regrettons aussi la faiblesse d’intervention de l’Europe sur un tel projet qui
était promis à hauteur de 20 %.
Nous demandons, nous exigeons que la participation des collectivités territoriales
tienne compte des retombées économiques prévisibles, de l’intérêt du développement des plates formes portuaires de Gennevilliers et de Dourges.
Nous demandons et exigeons que la participation du Conseil Régional de Picardie
soit calculée en fonction aussi de son potentiel fiscal et de ses efforts actuels sur le plan de la fiscalité.
Nous demandons et exigeons de l’Etat qu’il fasse son affaire de la participation de
l’ensemble des départements qu’ils soient picards, franciliens ou nordistes. Quelle est donc la participation du 92, le département le plus riche de France, celui qui était géré par Pasqua –
Sarkozy ?
Malgré ces questions sans réponses, malgré le lobbying de VNF qui vend du vent aux
élus territoriaux au coût d’études onéreuses, de réunions de concertation qui ont toujours occulté le financement qui sera demandé aux communautés de communes aussi bien en direct que sur leur
enveloppe territoriale.
Oui, avec toutes ses remarques et
réserves, nous sommes en accord avec la délibération qui nous est proposée aujourd’hui.
Nous sommes déjà au travail sur le terrain pour faire d’un problème un atout pour
un territoire, pour faire que le développement de l’Est de la Somme ne soit pas un vain mot car c’est un pays qui est gravement touché aujourd’hui par la crise, avec un taux de chômage hors
norme, un taux de sortie sans qualification du système scolaire le plus haut de notre pays.
Nous sommes déjà au travail pour que les plates formes portuaires soient
effectivement un atout économique.
Nous sommes déjà au travail pour que les offres de formations sur le territoire soient les plus pertinentes et les plus avantageuses pour une création de richesse au service de la population.
Nous sommes déjà au travail pour faire du pont canal de la Haute Somme, un atout
touristique majeur sur notre territoire.
Nous n’avons jamais eu la prétention d’être les seuls, mais ce qui est sur dans ce
projet, c’est qu’il y a toujours beaucoup de « diseux » mais très peu de « faiseux ».
Une dernière question : l’Etat tiendra t-il ses engagements ? Cela reste
à prouver.
Notre position volontariste est pour nous notre façon de « réinventer ensemble la Picardie ».