Voici, ci parès le texte de mon intervention pour expliquer les grandes priorités et les axes du changement de la politique sportive régionale qui a été voté ce 1er Février
Intervention d’Olivier Chapuis-Roux
La nouvelle politique sportive de la Région Picardie
1 février 2013
Tertous,
Il y a quelques heures, nous étions encore dans cette période où chacun présentait, à l’autre, ou aux autres, ses vœux, exercice obligatoire, exercice républicain… Je souhaite vous faire part de mes vœux sportifs :
· vœux de santé qui nous est chère, et nous commençons bien l’année par la reconnaissance ministérielle de « Picardie en Forme » avec la visite de Valérie Fourneyron vendredi dernier,
· vœux de réussite, quelle soit aussi bonne, sur le plan sportif, qu’elle le fût en 2012 avec nos 5 médailles olympiques,
· vœux de dialogue, tout comme l’a été l’année 2012, mais aussi, 2011 sur le plan sportif, avec cette concertation territoriale, et le travail des commissions de la CRDS (Conférence Régionale de Développement du Sport), montré, là encore, en exemple par Valérie Fourneyron vendredi dernier,
· vœux de générosité, et je vous le dis encore une fois en citant Albert Camus « La vrai générosité consiste à tout donner au présent »
Une nouvelle politique sportive régionale ne s’invente pas d’un simple coup de baguette magique ; elle doit faire l’objet, d’un large débat, d’une grande écoute, mais aussi d’une écriture complexe et complète.
Revenons sur ce long processus de concertation : 9 réunions territoriales, de nombreuses réunions transversales, des comités d’experts en tout genre, un questionnaire à 4 500 acteurs et ses 750 réponses, et la compilation de tout cela pour jeter les bases d’une nouvelle politique en région. Je sais que certains préfèrent compter sur le papier le nombre de réponses que nous avons reçues plutôt que d’avoir une réflexion de fond. Dans le texte qui vous est soumis, vous retrouverez la trace de 500 questionnaires signés, je ne vous parle pas des doublons ni des questionnaires sans signatures, ce qui peut expliquer cette différence.
Lors de ses 9 réunions territoriales, de nombreux élus ont participé, tels que, Nourredine Nachitte à Creil, Christophe Coulon à Laon, ou Maryse Fagot à Péronne pour ne citer que ceux-ci… J’y ajouterai, bien entendu :
· les élus de notre majorité, dans les réunions territoriales, mais aussi dans les réunions de commissions d’experts pour être là, non pas, comme intervenants, mais plutôt comme auditeurs attentifs,
· mais aussi, les vice-présidents des Conseils généraux de l’Aisne, de l’Oise, et de la Somme : Michel Lefèvre – dont je salue la mémoire - puis Thierry Delerot, Gérard Weyn et Gilbert Mathon.
· et enfin, l’ensemble des services de l’Etat ; la DRDJSCS, mais aussi le Rectorat et l’ARS, dans les derniers moments de cette concertation.
Je ne peux passer sous silence la qualité des interventions de chacun d’entre eux dans un tel débat et je les en remercie.
Voilà donc planté le décor de ce grand exercice de démocratie participative.
Le mandat, que nous ont donné les picards, en 2010, est clair et repose sur trois axes essentiels que nous devons retrouver déclinés dans l’ensemble de nos politiques sectorielles :
L’égalité des chances
La Région ambitionne de lutter contre toutes les formes de discriminations, quelque que soit leur nature ; l’ensemble de ses politiques soutient le développement d’actions visant à réduire les inégalités ; sa nouvelle politique sportive participe, par conséquent, de la mise en œuvre de cette priorité.
L’égalité des chances ou faire en sorte que tous les picardes et les picards puissent avoir la même chance, tout au long de leur vie. Des inégalités persistent, qu’elles soient :
· liées aux revenus,
· liées à, la formation initiale, qui ne donne par forcément à niveau scolaire identique la même chance à un fils d’ouvrier qu’a une fille de cadre supérieur,
· aux transports, quand nous ne sommes pas en capacité d’anticiper sur nos territoires les besoins grandissants de la population,
· à l’emploi, quand dans notre région, des territoires frôlent les 20 % de demandeurs d’emploi,
· d’accès à la santé quand on nous ferme les hôpitaux de proximité, en générant ainsi, un désert médical, ce qui pose le véritable problème de l’intervention publique.
L’environnement et le développement durable
La Région entend promouvoir un autre modèle de croissance respectant d’avantage l’environnement dans une perspective de développement durable ; la politique sportive participera de la mise en œuvre de ces priorités et soutiendra les acteurs du sport picard qui s’y inscrivent.
La prise en compte de l’environnement, dans la perspective du développement durable, est vitale, car rappelons-nous que nous ne faisons qu’emprunter notre planète, et que nous nous devons de la céder aux générations futures dans les meilleures conditions. Mais sachez que l’éco-conditionnalité des interventions publiques est de plus en plus à l’ordre du jour, pas simplement en plantant un arbre pour compenser notre bilan carbone, mais bien en tenant compte de la réalité économique de nos territoires et de l’impact environnemental de nos politiques.
La réussite éducative des jeunes picardes et picards
La nouvelle politique sportive ambitionne d’accompagner le développement d’activités sportives, sur le temps scolaire, et hors temps scolaire ; elle entend, par conséquent, développer la fonction éducative du sport en permettant aux acteurs du sport picard d’intégrer la communauté éducative pour proposer de nouveaux projets favorisant la pratique sportive des jeunes.
La réussite éducative, grande cause régionale depuis 2010 et que nous avons vu, non sans un certain plaisir, reconnaitre au niveau national, par la création, en 2012, d’un Ministère de la réussite éducative, ministère qui vient très régulièrement copier en Picardie ce que nous avons mis en place.
Comment permettre la réussite du plus grand nombre dans une région qui continue de cumuler les records en matière de, sortie sans qualification des jeunes, l’un des niveaux le plus bas dans la formation générale, dans le taux de conduites addictives aussi bien en alcool, médicaments et autres drogues ?
Comment adapter le parcours scolaire à la capacité de chaque individu à obtenir le diplôme auquel il peut prétendre ?
Comment permettre de concilier cet apprentissage de la vie avec une vie culturelle, associative et sportive ?
Comment prendre en compte chacun de ces aspects pour qu’un picard puisse à tout moment reprendre un cursus de formation tout au long de sa vie ?
Comment, pour finir, permettre, à ceux qui en ont la possibilité intellectuelle ou physique, d’assouvir leurs passions, et ensuite, pouvoir soit en vivre, soit reprendre un cursus de formation pour enfin trouver une voix professionnelle leur permettant de s’épanouir ?
Répondre à ses questions, c’est déjà démontrer que la « Réussite éducative » n’est pas un gros mot, mais une cause que nous nous devons de promouvoir et favoriser.
Pour conclure cette introduction, je pense que l’évolution des politiques publiques, au plan national comme au plan territorial, impose, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique sportive, comme dans celui relatif aux autres politiques régionales, un travail de définition, de mise en œuvre de stratégies partagées, parmi lesquelles notamment, la mise en place de projets communs, l’instruction conjointe des dossiers de demandes de fonds publics type CNDS, des regards croisés sur nos interventions, etc.…
Cette approche devra, de surcroît, tenir compte des futurs textes législatifs relatifs, à l’acte III de la décentralisation, au rôle du Conseil National du Sport, mais aussi à la place des collectivités territoriales dans les instances de décisions concernant les pratiques sportives quelles soient compétitives ou de loisirs.
Arthur Rimbaud disait au XIXe siècle « C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante » J’aime bien ce type de rêve.
Comme la politique régionale, la politique sportive s’inscrit dans une large transversalité ; elle traduit ainsi une certaine conception de l’action publique régionale que l’on peut résumer en 5 axes :
· un processus de concertation permanente,
· une chartre sportive régionale,
· une évaluation « in itinere »
· une nécessaire complémentarité avec les politiques de l’Etat et des autres collectivités
· une politique transversale et partenariale au cœur d’un cadre d’action interne à la région mais aussi externe.
Je peux illustrer cette conception de quelques exemples : l’aide à l’emploi, la politique territoriale d’aménagement concertée du territoire, les actions éducatives dans le cadre des PREP, des Parcours et des Stages découvertes, la formation professionnelle, la prévention et l’éducation à la santé, mais aussi : la Conférence Régionale de Développement du Sport, le Schéma Régional des Loisirs et Sports de Nature, le plan régional Sport et handicaps du pôle technique régional, « Picardie en Forme » et le réseau sport - santé - bien être, les actions de développement durable et la plate forme éco-évènement, la valorisation des acteurs et le soutien au bénévolat.
Trois grandes priorités régionales, indissociables et complémentaires, structurent notre nouvelle politique sportive :
Instituer et faire vivre un droit au sport en Picardie en combattant les inégalités sociales et territoriales est la première des priorités à laquelle la politique de la Région entend répondre. Il s’agit de soutenir les acteurs et les projets qui visent à :
· répondre aux demandes de pratique sportive, quelque soit leur niveau et leur cadre d’organisation,
· d’accroitre l’offre de pratiques sportives pour tous, y compris dans une réponse aux problèmes de santé,
· démocratiser l’accès aux pratiques sportives, plus particulièrement en direction des jeunes et des publics en situation d’exclusion (pour des raisons liées à leur condition sociale, à leur handicap, etc.…).
Cette pratique sportive, de toutes et tous, doit être mieux encouragée et développée : la Région ambitionne donc d’accompagner le mouvement sportif à adapter une offre en conséquence.
Pour autant, il ne s’agit pas d’opposer ici le sport pour tous et le sport de haut niveau. Les pratiques liées au sport de haut niveau sont tout aussi légitimes et devront également être encouragées au travers d’un soutien aux sportifs de haut niveau et aux structures qui les encadrent.
Il s’agit donc bien de faire vivre un droit au sport pour tous, quelque soit le niveau de pratique souhaité par chacun et les ambitions qui y sont liées. Le droit au sport est donc « un et indivisible », et ses acteurs doivent être soutenus dans sa promotion et dans sa mise en œuvre en mobilisant un large registre de valeurs.
Le sport de haut niveau un outil mobilisé par la Région pour promouvoir la Picardie ; à ce titre, elle soutient et soutiendra de nombreux clubs de haut niveau picards. Elle entend, pour ce faire, définir avec chacun des acteurs concernés (clubs, sportifs de haut niveau, et collectivités) une stratégie partagée.
Sa nouvelle politique sportive repose donc sur la définition d’une stratégie régionale de soutien au sport de haut niveau picard, articulant mieux projet sportif et projet de développement territorial, qui permette une meilleure utilisation du sport comme levier du développement économique et social des territoires.
Outre la promotion de la Picardie, la Région souhaite également permettre que le sport de haut niveau soit au service du sport pour tous ; elle entend, par conséquent, lutter contre le cloisonnement, des acteurs du sport, des publics concernés et des pratiques sportives, en proposant la définition et la mise en œuvre d’un pacte civique du sport, c’est sa troisième priorité :
Le sport de haut niveau et le sport pour tous se complètent utilement : le sport de haut niveau est la locomotive du sport de masse, et le sport de masse le fondement du sport de haut niveau. Pourtant indissociables l’une de l’autre, ces deux dimensions de pratique sportive, le plus souvent portées par les mêmes acteurs – comités, ligues et clubs – peinent cependant à afficher leur évidente complémentarité.
La Région ambitionne donc de faire vivre un pacte civique du sport, dans lequel ces deux dimensions de pratique sportive sont utilement placées au service l’une et de l’autre.
Dans le prolongement des filières centrées sur les sportifs à potentiel et de haut niveau, et en appui sur les clubs picards de haut niveau, il est proposé de soutenir les actions, visant à la rencontre du sport de haut niveau avec les acteurs et les pratiquants du ‘sport pour tous’, au sein des mêmes structures, et au-delà. Ce type d’actions, développé au sein des filières phares du sport de haut niveau, permettra de s’appuyer sur l’image des sportifs et des clubs de haut niveau pour favoriser la transmission de messages éducatifs ; enfin, ce travail devra, également, mieux faire connaitre les disciplines sportives et, peut-être, susciter d’éventuelles vocations, voire une nouvelle pratique, chez les jeunes et au-delà…
Outre ce travail, la Région sera attachée aux projets sportif et éducatif des clubs picards de haut niveau ; de ce point de vue, elle ne soutiendra que les seules structures affichant une double ambition ; celle qui consiste, au sein d’une même structure, à promouvoir la Picardie à un haut niveau de pratique sportive et à développer la pratique sportive de toutes et tous.
Voilà, résumé en quelques mots, l’esprit sportif dans lequel nous nous inscrivons ; cette nouvelle approche va nécessiter beaucoup de méthodologie et de pédagogie, mais je pense que nous avons trouvé, avec le mouvement sportif, le bon angle d’attaque pour aborder cette nouvelle olympiade.
Et pour répondre par avance à certains détracteurs qui ont déjà commencé un travail de sape, je leur conseille de méditer sur cette dernière citation : « C’est le propre de l’homme de se tromper, seul l’insensé persiste dans son erreur »
Pour ma part, je tiens encore une fois à remercier tous ceux qui ont contribué à la rédaction de ces textes, à la préparation de tout ces moments d’échanges, il n’y a qu’une collectivité comme la notre qui puisse mettre autant de matière grise et de compétence à la disposition des élus pour pouvoir avancer dans le sens de l’histoire sportive régionale.
Et pis ch’est toute (en picard) !!
